mercredi 30 septembre 2009

Sur place

Existence à deux vitesses
Simultanées

Le monde avance
Évolution
course éperdue, constante

Ton univers stagne
Involution
Marche arrière, inexorable

Ils se lassent toujours
Tu t'accroches désespérément

Nos vies s'entrechoquent
S'expulsent et s'emmêlent

Loi physique universelle
Aux conséquences relatives

Ils continuent leur chemin
Tu es laissée sur place

Isolée.

mercredi 2 septembre 2009

Médecine


La solitude est un cancer
On en souffre en silence
Solitude is a cancer
We suffer from it silently

S'il existe d'heureuses rémissions
La rechute n'en est pas moins douloureuse
If there are happy remissions
The relapse nevertheless aches

vendredi 21 août 2009

Waiting

Ben Harper - Waiting For An Angel

Waiting For An Angel


Une soirée comme toutes les autres… faites d’apprentissage, d’ennui et de fatigue.

Une soirée arrivant chaque fois un peu plus tôt… trop tôt… et la nuit qui s’approprie alors le monde.

Elle est attablée à son plan de travail noyé de feuilles volantes éparpillées, noircies de phrases raccourcies et de schémas, formant un tapis de connaissances.

Elle fixe le vide, perdue… le mur d’un vert clair douteux, qu’ils doivent peindre depuis deux ans… le couloir sombre qu’elle aperçoit au-delà du cadre de la porte entrebâillée…

… la nuit noire à travers le velux qui la surplombait. Elle s’égare un peu plus, en pensées et ruminements… bien plus distrayants que cet ennui qui ne l’a pas quittée de toute la journée.

Le menton posé sur la paume, elle se perd dans le noir profond à peine bleuté d’une nuit d’automne. Un automne mi figue mi raisin… ni très froid, ni très pluvieux, juste à peine venteux à certains moments de la journée. L’accalmie avant la rudesse de l’hiver.

Elle attend… patiemment, mais tristement. Elle attend… sans savoir quoi espérer, trouver.

Attente. Patience. Espérance.

Elle attend… que la nuit noire lui offre quelque présent inavoué.

Elle attend de ne plus être seule… isolée du reste du monde lorsqu’elle s’enferme dans son bureau ou sa chambre… seule avec soi-même. Ne plus se sentir ridicule, s’imaginant à ses côtés une présence qui recevrait ses sourires amusés, complices, entendus ou tristes.

Elle attend… un signe, peut-être… un changement, sûrement. Elle espère… depuis tant d’années, toujours, tous les soirs, avec le ciel d’encre comme témoin et le silence comme avocat. Elle attend…

Quelque chose. Quelqu’un. Une présence… qui comblerait ce vide autour et en elle.

Réel ou immatériel. Infime ou immense. Peu lui importe sa nature. Qu’il vienne, avant qu’elle ne sombre définitivement dans l’oubli et la solitude.

Un ange.

Un ange gardien.

Elle attend un ange gardien… son ange gardien… qui viendrait et ne resterait que pour elle. Un compagnon de lumière… pour illuminer ses matinées trop tôt assombries, et affronter sans crainte ce qui la blesse chaque fois plus profondément.

Une douce compagnie pour égayer ses joies étouffées, et les partager sans méfiance, ni crainte.

Elle s’égare toujours dans le noir désormais insondable de la voûte céleste dont on ne peut apercevoir ses étoiles. Les nuages ont tôt fait de les dissimuler.

Elle ferme les yeux, un sourire las au coin des lèvres.

Une goutte.

Elle s’écrase sur la vitre. Le bruit mat, emplit brièvement la pièce froide.

Une goutte. Une autre. Encore une.

La pluie finit par tomber, fine, douce, singulièrement mélodieuse pour la saison.

Elle sourit. La musique sans note résonne entre les murs, comble le vide qui l’entoure. Son cœur s’allège doucement. Voilà qu’elle n’est plus si seule que cela.

La pluie faiblit à peine… puis c’est l’averse qui chute sur la ville, et sur sa vitre… juste au-dessus de la tête. Elle ouvre les yeux et regarde. La vitre se noie sous les trombes d’eau. La pièce se remplit de sons et de percussions… une foule l’a envahie.

Un bruit sec, presque aigu, dur et mordant… suivi de plusieurs autres chocs… la grêle s’abat au-dessus d’elle. Elle voit de petits grains blancs, translucides, se briser sur la vitre, rouler tout le long puis disparaître.

Elle rit. Elle a compris.

Il est là. Il a toujours été là. Au-dessus d’elle. Toujours.

Son Ange de Pluie. Son Ange d’Eau.

Celui qui lui tient compagnie sans le montrer. Celui qui parvient à lui arracher un sourire, même triste, alors que tous ont échoué face à sa mine lasse.

Elle pose sa tête sur les feuilles. Elle écoute…

Elle l’écoute conter les caprices du temps, l’avancée de l’automne, l’air qui se refroidit doucement. Elle l’entend s’amuser du comportement des gens qui courent s’abriter de la pluie avec agacement.

Elle l’entend reformuler sa promesse… de toujours veiller sur elle, de là-haut. Elle l’entend lui demander de promettre à son tour.

De ne jamais oublier comme cette nuit… oublier qu’il est là, pour elle, pour toujours. Lui ne l’oublie jamais. Il la regarde d’en haut, de jour comme de nuit.

L’écho s’affaiblit… et finit par disparaître. L’eau ruisselle quelques instants sur la vitre. Le silence retombe dans le bureau. Ses oreilles bourdonnent encore légèrement.

Elle se redresse, la mine plus éclairée et avenante. Elle murmure quelque parole que lui seul peut entendre même s’il semble parti.

Elle attendra… qu’il revienne. Il reviendra, comme toutes les fois. Il reviendra avant qu’elle ne sombre. Il la sauvera encore une fois.

Elle attend son retour…

… son Ange Gardien.


M.Y.
08/11/2007

jeudi 20 août 2009

Fly away

Tohoshinki - BOLERO

Fly away under the snow
~For ever~


La neige tombait en fins et délicats flocons. Le paysage était envahi de confettis blancs et glacés – mais ô combien doux – étincelants sous la lumière blafarde de cette journée d’hiver. Le froid rude et douloureux paraissait adouci et embelli par la simple chute de ces flocons. La terre, les toits, les murs, le monde, se trouvaient parés d’un manteau immaculé. Au dehors, sur les routes, la couche de neige était encore vierge de toute trace de pas.

Par la fenêtre, elle regardait le monde ralentir à mesure que la couche de neige s’épaississait. Elle guettait ce bref moment… aussi rare et magique que l’était la lumière verte d’un coucher de soleil parfait… où le monde s’arrêtait comme si la Terre ne tournait plus. Ce moment qui ne survenait que lorsque le ciel avait décidé de geler, le temps d’une éternité éclair, le plus beau jour d’une vie.

Peut-être serait-ce le sien, ce jour-là.

Elle s’accouda au rebord de la fenêtre de sa chambre et appuya son front sur la vitre. Le contact du verre froid sur son front fiévreux, lui arracha un frisson. Elle resserra sur elle les pans de sa robe de chambre, sans quitter des yeux le jardin se couvrant de poudreuse. Derrière elle, la radio diffusait une valse entraînante, à la fois joyeuse et nostalgique. Fermant les yeux, elle se laissa bercer par la mélodie.

Elle s’imagina, dansant, sa main posée sur l’épaule de son cavalier, l’autre tenue dans sa main gantée d’ivoire, et sa taille fine timidement soutenue par son bras. Ils virevoltaient, légers, leurs entrechats entremêlant courbes et boucles pour former des arabesques fantaisistes. Leurs pas effleuraient tout juste le sol couvert d’un somptueux tapis neigeux. Tous deux levèrent leurs regards qui se croisèrent.

Le rêve prit fin avec un nouveau morceau, bien moins entraînant. Cependant, il lui sembla avoir aperçu, au dernier moment, un éclat doré dans les prunelles de son cavalier.

Elle sourit, indulgente face à sa propre rêverie.

La neige tombait toujours au dehors. De la buée s’étalait sur la fenêtre, près de sa bouche et de son nez, à mesure qu’elle respirait. Elle regarda la surface trouble et humide s’élargir puis rétrécir, totalement fascinée.

Puis cela arriva.

Arriva le moment où la buée se figea tout simplement. Malgré son souffle, elle ne parvint à l’étendre. Cela ne disparut pas non plus. Intriguée, elle fronça les sourcils.

Arriva le moment où la musique cessa d’être jouée. Comme suspendue, la dernière note s’étendit dans l’air en un doux decrescendo avant de s’évaporer.

Arriva la seconde où les aiguilles de l’horloge cessèrent leur course. Le bruit sec de la trotteuse brusquement arrêtée, retentit dans la chambre. Dans le jardin, les flocons volaient toujours.

Arriva l’instant où elle comprit et sourit. Heureuse, impatiente et craintive.

Sans se soucier du froid, elle ouvrit en grand les fenêtres et se pencha au dehors. Elle ne sentait pas le gel de l’hiver, seulement la tendre caresse de plumes de colombes, tombées des cieux. Le ciel était d’un blanc pur et brillant.

Elle entendit avant de voir, cette main gantée d’ivoire se poser sur le tronc lisse du petit cerisier trônant dans le jardin. Elle perçut le doux crissement de ses bottes dans la neige. Son long manteau bleu nuit claquait au gré d’une brise qui soulevait flocons et plumes. Son visage fin aux traits bienveillants s’illumina d’un sourire lorsqu’il la vit à la fenêtre, à l’étage. Il tendit la main, le bras, l’invitant à le rejoindre.

Son cœur fatigué rata un battement, avant de reprendre follement. Fébrile, elle posa ses mains sur sa poitrine, comprimant le rythme allègre qui résonnait à travers son corps. N’y tenant plus, elle se précipita hors de sa chambre, oubliant sa fenêtre, dévala les escaliers, traversa le salon et ouvrit la porte menant au jardin. En chaussons et en robe de chambre, elle courut dans la neige.

Elle s’arrêta brusquement, se souvenant de ses vêtements ridiculement simples, fades et peu convenables, au côté de la tenue presque impériale de son visiteur. Dans son rêve, elle ne portait pas ces… guenilles.

Un rire effaça son irritation, et une main prenant la sienne fit taire son hésitation.

« Dansons. »

Chuchotement. Chant. Murmure. Mélodie.

Son timbre… sa voix… était tout et aucun à la fois. Une lueur d’amusement et… d’amour pétillait dans ses iris d’or. Son cœur se gonfla de bonheur et de plaisir.

« Avec joie… »

Son autre main trouva place sur sa taille, la rapprochant de lui. Elle posa la sienne sur son épaule.

Et ils dansèrent. La brise apporta à leurs oreilles, une mélodie semblable à celle qui la fit rêver de ce moment unique.

Ils valsèrent, sans fin, autour de l’arbre dépourvu de feuilles, certes, mais paré de branches étincelantes.

Elle ne pouvait détacher son regard de ses prunelles et de son sourire. Il la regardait. Il souriait avec elle, et pour elle.

Que cet instant ne s’arrête jamais. L’éternité d’une étincelle.

Ils volaient, flottaient, leurs pieds ne foulaient plus le sol, mais trouvaient appui dans les airs. Elle se laissa transporter par l’ivresse et l’indicible bonheur de danser et voler dans les bras de la personne qui l’aimait le plus au monde, sans partage.

La mélodie parvenait à sa conclusion ; leur valse ralentit et se poursuivit sur la neige. Tous deux souhaitaient faire perdurer l’enchantement jusqu’à ce qu’il s’évanouisse avec les dernières notes.

Ils cessèrent de danser, mais pas de se regarder ni de se sourire. Tendresse et admiration. Amour et émotion. Submergée par la multitude de sentiments, elle ferma les yeux. Elle sentit de fines lèvres se poser sur son front à peine moins brûlant.

« Viens avec moi. »

Il l’entoura de ses bras, sa joue sur le haut de sa tête. Il sentait toutes sortes de parfums, délicieux, du plus subtil au plus insolite, mais merveilleux. La chaleur de son étreinte la protégea de l’air qui redevenait un peu plus froid à mesure que le temps reprenait ses droits sur le monde.

« Emmène-moi. »

Ses doigts agrippèrent le noble tissu de son manteau, et elle cacha son visage. Il sourit, irradiant du bonheur le plus intense qui put exister. Les dernières plumes subsistantes roulèrent sur la neige, se rassemblèrent en cercle autour du couple, puis se soulevèrent. Quelques instants plus tard, ils furent cachés au reste du monde.

Le vent courut, froid, dur, impitoyable sur le jardin, balayant flocons et plumes d’un seul souffle.

Il ne restait plus rien du rêve, ni de ses personnages. Envolés.

Hormis une jeune personne emmitouflée dans une robe de chambre détrempée par la neige, étendue sur l’herbe blanchie et figée, au pied d’un cerisier mort depuis quelques années mais toujours présent.

Ses lèvres bleuies sculptées en un sourire heureux.

Et éternel.

M.Y.
05-07/01/09

mercredi 19 août 2009

mercredi 5 août 2009

Bris d'amitié

Jumelles de cœur
Jumelles d'âge

Une décennie plus tôt
Vous jouiez ensemble
Fiançant vos poupées anorexiques

Cinq années plus tôt
Vous traciez vos avenirs
Tout était d'or et de diamants

Deux années plus tôt
Vous ne vous voyiez plus
Souvenirs fantomatiques hantant votre quotidien

Elle se marie et vous invite
Vous vous sentez inchangée malgré les années
Elle n'a plus rien de l'amie d'enfance

L'amie vous regarde de haut, presque méprisante
Vous souriez, pauvre célibataire noyée d'études
Votre amitié n'a plus aucune importance

Tout a volé en éclat.

Amère solitude

vendredi 17 juillet 2009

Hypnôse

Dentelles, Soies et Voiles
Bleu, Noir et Argent,
Parures de son Altesse Céleste
Lune de Glace

Laces, Silks and Veils
Blue, Dark and Silver,
Fineries of her Celestial Highness
Icy Moon

Boucles lourdes, sombres et soyeuses
Voix tantôt fluide et douce
Ecrin de velours, étoffe Princière
Tantôt acérée et transperçante
Dague d'acier frappée du sceau Impérial

Heavy, dark and silky buckles
Voice sometimes fluid and sweet
Velvet box, Princely fabric
Sometimes sharp and piercing
Dagger of steel struck by the Imperial seal

Timbre envoûtant, Mélodie charmeuse,
Notes improbables enlacées en un unique sortilège irrésistible

Bewitching tone, captivating Melody,
Improbable notes intertwined in a unique irresistible spell

Votre cœur,
Elle en fait sien l'espace d'un refrain
Votre âme,
Elle la subtilisera au crépuscule du chant

Your heart,
She makes her the time of a tune.
Your soul,
She will subtilize her in the twilight of the singing.


Hypnosis

lundi 6 juillet 2009

A tort ou à raison

Pécher en te présentant son dos
Comme tu lui tournes le dos à ta façon
Sentiment d'abandon alors qu'elle est entourée
Elle rejette la faute sur toi

Déni

Refuser de te regarder en face
Pas même du coin de l'œil
Puisque tu ne regardes pas celle qu'elle est
Mais celle que tu veux qu'elle soit, sans la trouver

Déception

Solitude pesante
Sans aucune épaule solide
Prête à soutenir son âme
Lourde d'angoisses et maux de jeunesse

Suffocation

Elle évolue dans ses cauchemars
Taillés à la mesure de ses peurs
Grand théâtre d'illusions macabres

Clown blafard ricanant, acide et amer
Aux moqueries au fil dur et froid
Lacérant chaque fois un peu plus

Malaise

La sauver de l'inexorable noyade
L'extirper de ce bassin aux eaux noirâtres
Tu la crois forte, elle se sait faible
Et s'enfonce un peu plus dans le noir

Des-espoirs

mercredi 10 juin 2009

Quelqu'un rêve de...

Petit rat de bibliothèque,
Parcourant fiévreusement un ouvrage,
Le repose et s'empare d'un autre,
Esprit affamé

Phonographe grésillant près des boiseries,
Musique sans fin, mélodies jamais répétées,
L'air est devenu Notes,
Le silence est Son

Planisphère déroulé, jauni, défraichi,
Carnet de voyage, abandonné près d'un archipel,
Boussoles et devises étrangères, éparpillées sur un océan,
Jules Verne prend son temps, cette fois, pour son Tour du Monde

Noir et Blanc, teintes sépia, ou couleurs naturelles,
Gravés sur papier blanc, figés, à jamais,
Carrés, rectangles, grands, petits,
Souvenirs d'un temps qui fut, en attendant celui à venir

Pointe grattant le grain irrégulier,
Plume caressant l'air, danse unique
Au rythme de mots tracés, courbes, boucles et lignes,
Main infatigable, esprit fertile.

samedi 6 juin 2009

Somnolence Diurne

Douce et lourde torpeur
Songes éveillés s'effilochant, s'entremêlant sans cesse
Cheminement d'idées insensées
Ne laissant aucun souvenir de leur bref passage

Le Silence est Roi
Toute résistance serait vaine
Les murmures sont sacrilèges

Souffle calme et serein, métronome improvisé
Obscurité apaisante, aussitôt oubliée à l'éveil
Pensées illustrées auxquelles on se raccroche

Sursaut douloureux fusant dans les veines
Hébétude, hagard,
Tristesse, perdu,
Amère déception.

jeudi 4 juin 2009

Averse

Sanglots s'échouant sur le Monde
Rivière de gouttes douces amères
Grondement d'un torrent en furie

Assourdissant

Coups de poignard inoffensifs
Pathétiques naufrages sur les vitres
Déluge aux saveurs de Purgatoire
Songes et pensées noyés dans les remous
Fleuve tourbillonnant banni des cieux.

Quotidien

Air tiède humide, statique, étouffant ;

Ecrasante lucidité ;

Oisiveté lassante, suffoquante ;

Semi obscurité blanchie autour d'un écran allumé ;

Brêves étincelles de joie ;

Mélodies rêvées silencieuses.